L’économie circulaire et la transition énergétique au service de la préservation des ressources et du climat

10 septembre 2019ContactThomas Hemmerdinger

Souvent traitées de façon dissociées, les politiques d’économie circulaire et de transition énergétique permettent d’agir au service de la préservation des ressources et de la lutte contre climatique. Pour autant, elles ont pour enjeux communs, la réduction de la consommation (sobriété et efficacité énergétique), la diminution de la dépendance en matières premières (valorisation de ressources locales et de matières premières secondaires), et la substitution des ressources non renouvelables (énergies fossiles et fissiles) par des ressources renouvelables (énergies renouvelables et de récupération).

L’énergie, un des postes les plus consommateurs de ressources du territoire francilien  

Outil clé de l’économie circulaire, le bilan de flux de matières de la Région Île-de-France en 2015 (aussi appelé métabolisme régional) montre que les combustibles fossiles pèsent fortement, dans la consommation de matières du territoire (un sixième, soit 0,9 t/hab de combustibles fossiles à usage énergétique en Île-de-France par rapport à une consommation physique de matières de 6,0 t/hab). Voir note rapide L'île-de-france face aux défi de l'économie circulaire.

En effet, l’Île-de-France présente une consommation d’énergie en très grande majorité non renouvelable et importée. Les sites de production locale d’énergie renouvelable et de récupération(EnRR) couvrent actuellement 8% de la consommation régionale. La valorisation énergétique des déchets, portée majoritairement par l’incinération des ordures ménagères (avec récupération de chaleur et production d’électricité) constitue une part certaine des énergies renouvelables et de récupération en région. De nouvelles filières se développent pour augmenter cette part de valorisation énergétique des déchets. La méthanisation se développe avec comme sources les déchets d’activité agricole, la biomasse non utilisée, les boues de stations d’épuration ou les biodéchets issus d’activités économiques ou des ménages. Celle-ci permet de produire du biogaz utilisé dans la mobilité ou injecté dans le réseau gaz en substitution du gaz naturel. Des nouvelles technologies se développent pour mieux capter l’énergie restante des déchets, comme la pyrogazéification, les combustibles solides de récupération ou l’hydrogène. Ces trois technologies font actuellement l’objet de développement et d’expérimentation en Île-de-France.

La stratégie régionale énergie climat inscrit la valorisation énergétique des déchets et ses différentes filières (chaleur et électricité des unités d'incinération d'ordures ménagères, chaleur fatale, gazéfication, biométhane, bois énergie) comme axe majeur du développement des EnRR avec 41% des 37 TWh à produire en Île-de-France.

Il convient de rappeler que la valorisation énergétique des déchets est à mettre au regard de la hiérarchie de la prévention des déchets. C’est-à-dire que toute action visant à valoriser ces déchets doit démontrer que des actions en termes de prévention, réemploi et réutilisation ont été étudiées et mises en œuvre afin de réduire le gisement résiduel valorisable.

Il s’agit donc de poursuivre le développement des énergies renouvelables et de récupération avec en parallèle la baisse constante des consommations énergétiques par des actions de sobriété et d’efficacité énergétique. Les énergies renouvelables et de récupération s’analysent par rapport au mix énergétique du territoire, aux gisements locaux, aux conditions économiques de mise en œuvre et des besoins des secteurs consommateurs. L’économie circulaire à travers le pilier de l’écologie industrielle et territoriale appelle à la recherche de mutualisation de solutions et aux synergies entre acteurs (ex. la chaleur fatale d’un acteur peut représenter la source d’énergie d’un autre acteur à proximité comme énergie de récupération).

Hiérarchie des modules de traitement des déchets

 Cette hiérarchie consiste à privilégier, dans l'ordre, après la prévention :

  • La préparation en vue de la réutilisation ;
  • Le recyclage et la valorisation des déchets organiques par retour au sol;
  • Toute autre valorisation, notamment la valorisation matière et la valorisation énergétique;
  • L'élimination ( article 4 de la directive, article L.541-1 du  Code )

    L’approche ressources/matières de la transition énergétique 

    Au-delà de la valorisation énergétique, les politiques d’économie circulaire et de transition énergétique peuvent trouver des synergies sur d’autres thématiques, comme par exemple les besoins en matériaux pour la mobilité électrique ou les énergies renouvelables. Dans une perspective d’économie circulaire et donc de la ressource, des précautions peuvent être émises afin d’améliorer la soutenabilité de la transition énergétique. Le plan national ressources de la France 2018 indique que la transition énergétique se traduit par un besoin accru en biomasse et en ressources minérales. Ainsi, le développement des énergies renouvelables (notamment le solaire photovoltaïque et l’éolien) ou le déploiement de la mobilité électrique va se traduire par une augmentation des besoins en ressources minérales (déjà mobilisées par d’autres secteurs) que l’offre de matières secondaires n’arrivera à couvrir qu’en partie.

    À titre d’exemple, la mobilité électrique engendre des besoins en matière renforcés du fait du besoin en cobalt et lithium pour les batteries. Même si des recherches sont faites pour trouver des matières de substitution (comme par exemple le sodium à la place du lithium) ainsi que des procédés de recyclage, la recherche d’une autonomie plus grande et donc des batteries plus lourdes implique des besoins en matières grandissants. Pour le cobalt, le risque d’approvisionnement existe étant donné la forte concentration de la production minière en République Démocratique du Congo (65 % de la production mondiale).

    Le rôle de l’AREC

    À travers ses travaux, l’AREC cherche à tisser des articulations fines entre transition énergétique et économie circulaire, notamment autour de la valorisation énergétique des déchets et sa place dans le mix énergétique régional. Elle s’intéresse également à l’énergie dans les stratégies d’économie circulaire des territoires. Elle suit les nouvelles technologies de valorisation énergétique et développe des actions autour de la sobriété et l’efficacité énergétique.