La sobriété énergétique dans le bâtiment

15 octobre 2019ContactMarie-Laure Falque-Masset

En France, le bâtiment représente plus de 40 % des consommations d’énergie et 20 % des émissions de gaz à effet de serre.
Sobriété, efficacité et diversification du mix énergétique doivent se combiner de manière à atteindre les objectifs ambitieux à 2050.

La sobriété dans le bâtiment implique d’aller au-delà des changements de comportements ; elle doit être incorporée dès la conception du bâtiment, des équipements et même de l’espace urbain. Et pour qu’elle soit pérenne, il faut « stimuler des changements collectifs propres à mobiliser les citoyens en faveur de pratiques plus durables » et au-delà, « stimuler l’innovation sociale en favorisant les initiatives collectives au niveau local ». (Bruno Maresca) 

 

Comment différencier les actions qui relèvent de la sobriété énergétique (réduire l’utilisation de l’énergie) de celles qui relèvent de l’efficacité énergétique : en comparant sobriété et efficacité selon l’utilisation des espaces, la conception et la construction, les équipements et les usages du bâtiment.

Source : Energy sufficiency in buildings, concept paper, Mai 2019, ©eceee and the authors

Concernant l’utilisation des espaces, il s’agit de regarder la taille du bâtiment, le nombre de bâtiments nécessaires pour un usage particulier ou un nombre de personnes et enfin, la surface utilisée pour les construire. En matière de conception et de construction, le choix des matériaux sera important mais également la plasticité des lieux. En ce qui concerne les équipements, on regarde la puissance d’un système de chauffage par exemple en regard des besoins du bâtiment. Enfin, les températures de consigne seront un élément décisif des actions de sobriété. 

Comment conduire des actions de sobriété énergétique dans le bâtiment ? C’est en réalité une palette de facteurs et de mesures qui sont nécessaires à leur mise en œuvre, leur prise en main et leur pérennité. La sobriété relève autant de choix individuels que de délibérations collectives, liées par exemple à l’aménagement de nos villes. 

En partant du besoin de confort des habitants à la fois thermique et acoustique, et de l’espace nécessaire à leur bien-être, il s’agit de dépasser les contraintes de leur environnement. Tout d’abord en mettant en œuvre des mesures d’aménagement et d’urbanisme : développer la végétalisation ou encore favoriser les transports actifs sont deux pistes parmi d’autres. Parallèlement, la législation peut rendre obligatoire certaines mesures telles que les protections solaires, comme en Suisse.  

Le Politecnico di Milano mène des travaux sur la sobriété énergétique des bâtiments au sein de l’eERG, le groupe de recherche sur l'efficacité de l'utilisation finale de l'énergie. Leurs réflexions les ont conduits à proposer un ensemble de solutions répondant aux besoins de confort d’été des habitants en réfléchissant à la fois sur les potentialités de la ville et sur les outils législatifs et réglementaires : 

Source : Politecnico di Milano, département de l’énergie
*ventilateur de plafond (7 W/m2) à la place de l’air conditionné (150 W/m2)

L’association Virage-énergie a réalisé en 2013 un travail sur les « scénarios de sobriété énergétique et transformations sociétales ». L’objectif était d’évaluer, à partir de modélisations et d’hypothèses, les économies d’énergie potentielles générées en région Nord-Pas de Calais par des changements de comportements, de modes de vie et de modes d’organisation collective. Cette étude a montré que les économies d’énergie induites par la sobriété sont considérables et s’échelonnent entre 26 % et 40 % selon la portée de changements considérés. 

Dans tous les bâtiments résidentiels et tertiaires, l’étude conclut à des gains possibles sur l’eau chaude sanitaire et la cuisson, la modularité et la gestion économe des espaces chauffés.

Leviers de sobriété dans les logements

Source : Virage-énergie Nord Pas de Calais, 2013 d'après Association négaWatt, 2011

Leviers de sobriété dans le tertiaire

Source : Virage-énergie

Cette étude et d’autres travaux mettent en avant des mesures de sobriété énergétique qui sont détaillées dans la section consacrée aux solutions et bonnes pratiques. 
Elles peuvent être classées selon les usages de l’énergie ; en voici quelques exemples ci-dessous. 

Solutions selon les usages de l’énergie dans le bâtiment

 

Cependant, au-delà de la mesure elle-même, son mode de mise en œuvre est tout aussi important afin de faciliter son appropriation et de permettre sa pérennisation. Cela est d’autant plus aisé que l’on raisonne en termes de service rendu.