Bilan de fonctionnement 2023 des chaufferies biomasse collectives et industrielles en Île-de-France

Rapport d’enquête

08 septembre 2025AREC îdF

Afin de suivre et d’accompagner le développement régional de la filière bois-énergie, les services de l’État (DRIEAT, DRIAAF), la Région Île-de-France, la Direction régionale de l’ADEME, Fibois Île-de-France et L’Institut Paris Region (AREC) réalisent chaque année une enquête régionale commune.
Cette démarche vise à disposer de données homogènes, objectives et actualisées, à identifier les enjeux de terrain et à contribuer à l’accompagnement de la filière en Île-de-France.

Le bilan 2023 présente les principaux indicateurs de la filière à travers cartes, graphiques et analyses. Après une baisse en 2022, la dynamique repart à la hausse, confirmant le rôle central de la biomasse dans la production de chaleur renouvelable francilienne.

Les chiffres clefs 2023 :

  • 145 chaufferies biomasse en fonctionnement, 9 à l’arrêt provisoire et 20 en projet (en cours de construction et à l’étude).
  • 474 860 tonnes de biomasse consommées, en hausse de +9,6 % par rapport à 2022.
  • 1,5 TWh de production de chaleur renouvelable, une progression de +12% par rapport à 2022.
  • 783 MW de puissance biomasse totale installée en fonctionnement + 3,5 MW à l’arrêt provisoire.
  • 98 % de la production de chaleur renouvelable assurée par un tiers des installations, ayant une puissance supérieure à 1 mégawatt (MW).
  • 64 % de la chaleur renouvelable pour un usage résidentiel (31% tertiaire – 6% industrie).

La production reste dominée par les grandes installations : un tiers des chaufferies (celles de plus de 1 MW) assurent 98 % de la chaleur produite. Les chaufferies de plus de 10 MW, bien que minoritaires, génèrent à elles seules près de 80 % de la chaleur totale. À l’inverse, les chaufferies de moins de 1 MW, plus nombreuses, ont un rôle localisé mais leur contribution reste marginale (2 %, cf. graphique ci-dessous).

La carte des chaufferies biomasse collectives et industrielles franciliennes (cf. carte ci-dessous) illustre bien la dualité du parc francilien. Dans les zones urbaines denses, les grandes installations raccordées aux réseaux de chaleur assurent la majeure partie de la production, avec une concentration remarquable en Seine-Saint-Denis, qui totalise près de 60 % de la puissance régionale autour du site stratégique de Saint-Ouen. En parallèle, les communes périurbaines et rurales s’appuient sur un maillage de chaufferies plus modestes, souvent dédiées à un bâtiment ou à un petit ensemble. En moyenne, l’Île-de-France compte désormais 64 kW installés pour 1 000 habitants, contre 50 kW en 2022, confirmant le renforcement de la biomasse comme solution locale de chauffage.

En Île-de-France, la filière biomasse reste très majoritairement portée par le secteur public. En 2023, près de trois quarts des chaufferies relèvent de collectivités locales, d’établissements publics ou de bailleurs sociaux, et représentent à elles seules 94 % de la puissance totale installée. Ces installations alimentent les grands réseaux de chaleur franciliens et assurent le chauffage d’écoles, de logements sociaux, d’équipements sportifs et culturels ou encore de centres hospitaliers. À l’inverse, les projets privés – portés par des industriels, des exploitants agricoles ou des bailleurs – sont plus nombreux en proportion (près de 30 % des sites), mais se concentrent sur des chaufferies de plus petite puissance, souvent dédiées à un bâtiment ou à un usage spécifique.

L’évolution du parc confirme également une tendance structurelle : après la phase d’accélération observée entre 2011 et 2017, soutenue par les dispositifs publics (Fonds Chaleur de l’ADEME, aides régionales, TEPCV…), la dynamique s’est stabilisée. Le développement ne repose plus sur de grandes opérations emblématiques, mais plutôt sur un renouvellement diffus du parc énergétique, avec des chaufferies de taille modeste venant remplacer progressivement des chaudières gaz ou fioul. L’année 2023 illustre bien ce mouvement, avec cinq nouvelles chaufferies mises en service pour près de 50 MW de puissance, auxquelles s’ajoute le passage progressif au 100 % biomasse de la chaufferie de Saint-Ouen (prévu en mai 2024).  

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Énergies renouvelables et de récupération | Bois énergie