GÉOTHERMIE PROFONDE : ON FORE TOUJOURS EN ÎLE-DE-FRANCE...

 22 avril 2024 Marie-Laure Falque-Masset, Dylan Pottier

L’une des ressources énergétiques les plus précieuses d’Île-de-France, la géothermie profonde, continue à être exploitée dans l’Est parisien.
En effet, sous ses pieds, la région dispose de l’aquifère le plus exploité d’Europe, le Dogger, situé entre 1 500 et 2 000 mètres de profondeur.
La température de l’eau y varie entre 60 à 80°C et représente un potentiel énorme pour les besoins en chaleur à la surface.
Dès lors, depuis le premier forage (réalisé à Melun en 1969), les projets se sont multipliés et continuent à voir le jour sur le territoire.
Cette ressource aux multiples avantages est exploitée dans une cinquantaine de réseaux de chaleur franciliens.

Comment fonctionne un forage géothermique ?

L’eau géothermale est extraite du Dogger par ce que l’on appelle des « pompes d’exhaure », installées dans des puits de production. Ces pompes sont ensuite chargées de réacheminer le fluide géothermal jusqu’à la centrale et l’échangeur géothermique. Ce dernier récupère les calories de l’eau qui sont ensuite transférées dans un réseau de distribution (le plus souvent un réseau de chaleur), en surface. Cette eau ensuite déchargée de son énergie calorifique, est réinjectée dans l’aquifère par des « puits de réinjection » pour y être réchauffée naturellement : une énergie 100% renouvelable !
À noter que si la température de l’eau n’est pas adaptée à l’usage envisagé, on peut recourir à une ou plusieurs pompes à chaleur.

Le projet Unigéo

À l’étude depuis 2019, le projet de réseau de chaleur Unigéo, porté par trois villes de Seine-Saint-Denis (Pantin, Le Pré-Saint-Gervais et Les Lilas) et le SIPPEREC (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour les énergies et les réseaux de communication), va bientôt être achevé. Une Société publique locale (SPL) a été créée pour l’occasion.

Grâce au forage de quatre puits aux Lilas (début 2023) et au déploiement d’un réseau s’étendant sur plus de 20 km (depuis octobre 2023), les trois communes pourront bénéficier de la géothermie dès la saison de chauffe 2024-2025.

Dans un contexte de forte instabilité et de hausse des prix de l’énergie, il est certain que le choix des villes de se tourner vers la géothermie est significatif. C’est une énergie renouvelable, locale et dont le prix ne fluctue pas dans le temps : un avantage économique bien ciblé dans la région et que les usagers ont bien compris pour préserver leur pouvoir d’achat et diminuer leur facture énergétique.

Dès 2025, le réseau de chaleur répondra aux 193 GWh de besoins en chaleur des trois villes et se raccordera à plus de 20 000 logements d’ici 2026 - en majorité des bâtiments publics et des organismes publics HLM - permettant d’éviter l’émission de 28 000 tonnes de CO2 par an.

L’ADEME Île-de-France et la Région Île-de-France ont contribué au financement du projet à hauteur de 23 millions d’euros.

La géothermie aux Lilas

La visite organisée en janvier 2024 par l’ATEE Île-de-France a été l’occasion de découvrir l’avancée du projet et d’échanger avec les géologues, hydrogéologues, ingénieurs thermiciens et foreurs présents sur le chantier.

La géothermie, énergie toujours en développement en Île-de-France


La géothermie en Île-de-France a non seulement toute une histoire, mais également un bel avenir, qu’elle soit profonde ou de surface (où le potentiel existe quasiment partout sur le territoire).
 

De plus, même si certains départements comme la Seine-Saint-Denis, mais aussi et surtout, le Val-de-Marne, commencent à être saturés en termes de forages, de nombreuses études et recherches sont faites dans d’autres zones géographiques d’Île-de-France.
 

C’est  le cas avec le projet Géoscan Île-de-France, initié par l’ADEME, la Région et le BRGM, qui doit permettre d’identifier des zones à fort potentiel pour de la géothermie profonde dans l’Ouest et le Sud de l’Île-de-France.

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