Aider élus et techniciens à enclencher des projets de rénovation énergétique des copropriétés
La rénovation énergétique des logements constitue un enjeu écologique, social et économique majeur qui mobilise les collectivités territoriales, de plus en plus attendues sur ce sujet – par l’État, mais aussi directement par les habitants qui cherchent un réel accompagnement de proximité.
Compte tenu de la part importante de l’habitat collectif en Île-de-France, mieux accompagner la rénovation des immeubles en copropriété représente un défi pour de nombreuses collectivités franciliennes. L’intervention, via des politiques publiques, sur la rénovation énergétique des copropriétés qui relèvent de la sphère de l’habitat privé, est difficile à appréhender par les élus, qui se questionnent toujours sur leur rôle et leur légitimité à accompagner l’enclenchement de travaux en copropriété.
Quels sont les leviers actionnables par les décideurs locaux pour être acteurs de la rénovation du parc de copropriétés ?
Comment mieux mobiliser les acteurs locaux et les copropriétés ?
Comment faciliter une meilleure coopération entre élus et techniciens sur le sujet ?
Pour aider élus et techniciens à répondre à ces questions, l’AREC Île-de-France a organisé le 23 novembre 2021 un atelier pour les communes de l’agglomération de Plaine Vallée (Val-d’Oise) avec l’appui du projet (Dé)formations. L’objectif était de partager expériences et besoins des communes au regard des spécificités de leur territoire.
Le projet (Dé)formations vise à repenser la formation des élus via des formats innovants et adaptés à la réalité des élus locaux. Il est porté par L’Institut Paris Region et la 27e Région, avec l’appui de l’agence Partie Prenante et du designer Norent Saray-Delabar. (Dé)formations est conduit dans le cadre du programme TIGA (Territoires d’Innovation de Grande Ambition) « Construire au futur, habiter le futur », porté par la Région Île-de-France.
Cette expérimentation s’inscrit dans le programme RECIF+ (Rénovation des immeubles de Copropriété) porté par Île-de-France Énergies. Le programme vise à généraliser des évènements et formations sur la rénovation des copropriétés à destination des services et des élus, afin de les mobiliser encore davantage sur ce sujet essentiel, en s’appuyant sur des formats de rencontres ludiques et innovants.
Ce premier atelier, accueilli par la mairie de Saint-Prix (Val-d’Oise), s’adressait à des binômes élus-techniciens et a permis de les faire travailler sur la meilleure manière d’articuler leurs rôles pour faire face à l’enjeu de la rénovation énergétique.
L’expérimentation a pris la forme d’une demi-journée d’atelier qui a mobilisé un groupe de 12 participants (élus et techniciens) représentant six communes de l’agglomération.
En plus donner un cadre pour des échanges entre élus et techniciens et entre communes, les objectifs de la matinée étaient de :
Proposer des pistes de réflexion aux élus sur leur rôle et leur légitimité pour intervenir sur le parc privé des copropriétés et accompagner les habitants vers la rénovation énergétique ;
Identifier les attentes et les besoins des élus en matière d’accompagnement et de montée en compétence sur le sujet ;
Faire ressortir des premiers pas concrets à mettre en œuvre sur les communes ou dans l’agglomération.
Pour faciliter les échanges, les animateurs s’appuyaient sur des exercices d’intelligence collective et sur un autodiagnostic qui permettait aux participants de s’interroger sur leurs besoins et sur les outils mobilisables en fonction de quatre postures proposées pour porter une stratégie de rénovation énergétique à l’échelle de la commune :
- L’élu porte-parole, qui se mobilise auprès des copropriétaires et des acteurs du territoire pour communiquer sur la rénovation énergétique et sur la stratégie communale.
- L’élu entremetteur, qui – fort de sa connaissance des acteurs locaux et de l'écosystème de la rénovation énergétique – est capable de mettre en réseau les bons acteurs pour créer des projets et des dynamiques vertueux.
- L’élu technicien, qui – disposant d’une bonne connaissance du parc de sa commune, ainsi que des enjeux techniques de la rénovation – se positionne comme référent sur le sujet au sein de la commune.
- L’élu facilitateur, qui porte une stratégie permettant de lever les obstacles à la rénovation énergétique en impulsant les actions d’incitation possibles à l’échelle de la commune.
Pour le territoire de Plaine Vallée, quatre principaux besoins et idées sont ressortis de ces discussions :
Premièrement, le besoin de pouvoir disposé d’un agent dédié aux enjeux d’habitat et de rénovation énergétique qui pourrait être mutualisé entre les communes de l’agglomération afin d’améliorer la coordination territoriale et de faciliter l’émergence de projets sur les communes.
Ensuite, le besoin collectif pour une boussole ou un guide des aides et des financements existants pour la rénovation énergétique afin de permettre aux collectivités et aux habitants de s’y repérer plus facilement.
Puis, l’envie de mettre en place des événements et des formats d’échange dédiés spécifiquement aux copropriétaires du type d’un forum ou club des copropriétaires.
Enfin, le besoin de disposer d’un dispositif d’observation du parc de copropriétaires permettant d’améliorer la connaissance de l’état du par cet de repérer plus facilement des situations de dégradation ou des sites prioritaires.
Élus et techniciens ont ensuite donné un avis sur un panel d’outils de formation et d’autoformation apportant des clés de lecture sur la rénovation des copropriétés. Les contenus produits aujourd’hui sur cette thématique sont-ils adaptés aux besoins de montée en compétence des élus et techniciens des collectivités ?
La matinée était animée par Franziska Barnhusen, chargée de projets au sein de l’AREC Île-de-France, Anne-Claire Davy, chargée de projets au sein du département Habitat et Société de L’Institut Paris Region et Sylvine Bois-Choissy, chargée de coopération internationale à la 27e Région.
Les enseignements de l’atelier
Les élus ont fait part de leur sentiment d’isolement, ils ont peu l’occasion d’échanger entre pairs sur leurs expériences en matière de politique de rénovation énergétique. Il est donc essentiel, dans les formations, de laisser aux participants suffisamment d’espace pour des échanges – y compris informels.
Par ailleurs, un fonctionnement en petits groupes mélangeant « experts » et élus a permis des échanges plus libres ainsi que de l’interconnaissance et de la proximité entre des acteurs qui ne se connaissaient pas toujours.
Le format mobilisant des binômes d’élus et de techniciens est apparu comme pertinent, en effet il existe un réel besoin de mieux articuler leurs rôles respectifs. Cela permet aussi d’identifier des pistes sur la manière de renforcer les liens entre les élus et leurs services techniques sur l’enjeu de la rénovation énergétique des logements.
Repartir des expériences personnelles des participants en matière de rénovation énergétique afin de comprendre leur perception de cet enjeu a aussi montré son efficacité. Les participants ont beaucoup insisté sur la complexité des démarches auxquelles les copropriétaires sont confrontées, ils ont parlé de la rénovation comme d’un « parcours de combattant » qu’il faut faciliter et fluidifier.
Enfin, il nous semble important de permettre aux élus de poser toutes leurs questions sur la rénovation énergétique et sur les copropriétés, sans imposer un angle thématique qui risquerait d’exclure certains sujets de préoccupation, notamment la question du traitement des copropriétés dégradées et de la rénovation des copropriétés horizontales.
Et après ?
Enrichie par l’expérience de cette première expérimentation, l’AREC Île-de-France souhaite reproduire, dans le cadre du programme RECIF+, une série d’ateliers et de visites sur d’autres territoires franciliens. Cela permettra de mettre en avant les enjeux spécifiques auxquels sont confrontés les élus en fonction de la typologie de leur territoire.
Cette expérimentation a ainsi permis de tester les formats à reproduire et expérimenter dans le cadre d’autres ateliers destinés à aider les élus à se saisir de l’enjeu de la rénovation énergétique des copropriétés.