Sobriété énergétique : coopératives et collectifs
Restitution de l'atelier de la Fabrique francilienne des sobriétés
10 juin 2022
Dans le contexte actuel d’aggravation du changement climatique et des inégalités sociales, les citoyens souhaitent prendre leur part et se réunir pour tenter de proposer des solutions. De plus en plus de collectifs se forment dans les universités, les entreprises, pour répondre à des problématiques variées de la transition écologique : amélioration de la mobilité durable, sobriété énergétique, réduction des déchets, etc.
À titre d’exemples : le mouvement des transféreurs (déjà évoqué dans les ateliers de l’AREC) et le Collectif Vélo Île-de-France ou encore le Réveil écologique.
Les coopératives sont également et depuis longtemps des vecteurs de facilitation de la sobriété. Ainsi, Enercoop, fournisseur d’électricité verte, citoyenne et locale, à travers son statut, met la maîtrise de la demande au cœur de ses valeurs.
Les objectifs de cet atelier sont à la fois :
- D’identifier les services et produits (des coopératives et des collectifs) qui facilitent la mise en œuvre de la sobriété énergétique dans les collectivités et dans les organisations
- D’appréhender la réalité des coopérateurs et collectifs et se projeter sur ces nouvelles formes de service
- De développer des arguments pour encourager les démarches partenariales de développement de ses services
Les interventions
Créé en mars 2019, le Collectif Vélo Île-de-France rassemble 43 associations, dans 160 communes, représentant 8 000 adhérents. Réunis autour d’une vision partagée, faire de l’Île-de-France une région cyclable pour tous, sûre et agréable, les membres se sont fédérés afin de peser collectivement sur la politique vélo aux niveaux régionaux et locaux.
Louis Belenfant, directeur du Collectif, présente les constats : la région est dense avec un réseau routier encombré, les deux tiers des déplacements en voiture sont inférieurs à 3 km, l’offre de transport en commun n’est pas toujours adaptée et il existe déjà 5000 km de voies cyclables mais qui ne sont pas encore connectées.
D’un autre côté, les co-bénéfices du vélo sont nombreux : c’est un mode de transport sobre et efficace, bon pour la santé et pour la qualité de l’air et qui permet de faire des économies. C’est aussi un outil puissant de transformation de la ville : il permet de gagner de l’espace en ville et donc de faire autre chose de la rue. D’un autre côté, l’espace public n’est pas figé, il est évolutif bien que ce ne soit pas la vision qui viennent à l’esprit en premier lieu. Pour promouvoir l’utilisation du vélo, il faut créer un réseau, tout comme cela a été le cas pour la voiture et pour les transports publics et cela nécessite donc de réaménager pour créer une continuité des voies et assurer sécurité et confort.
Le 27 mai 2020, suite à l’appel des associations réalisé en janvier 2020, la Région a approuvé par délibération au Conseil régional, son soutien au RER V, doté d’un budget à hauteur de de 300 millions d’euros.
Le Réveil écologique est né d’un manifeste étudiant publié en septembre 2018 et signé par près de 30 000 étudiants provenant de plus de 400 établissements d’enseignement supérieur.
Le collectif concentre principalement son action sur les questions de la formation et de l’emploi, qui représentent des leviers d'action puissants et à la portée des étudiants et jeunes diplômés. Loïc Bonifacio explique les actions développées dans les pôles Enseignement et Entreprises. Il peut s’agir par exemple d’aider des futurs recrutés à se poser les questions essentielles pour évaluer le degré d’engagement d’une entreprise sur les enjeux environnementaux ou à trouver les entreprises qui correspondent à ses convictions écologiques. Le collectif organise des conférences dans les grandes écoles dans toute la France.
Le Réveil écologique a également lancé un benchmark en envoyant à plusieurs entreprises (notamment dans le luxe, la finance et l’automobile) un questionnaire et cela constitue un levier de pression important. Récemment, il a lancé une campagne de communication exceptionnelle dans le métro parisien à l’occasion des nouveaux rapports du GIEC.
Hugo Weisbecker est salarié d’Enercoop, coopérative de 60 000 sociétaires. En parallèle de l’activité de fourniture d’électricité locale et citoyenne, Enercoop a lancé plusieurs projets de sobriété avec ses sociétaires.
« Plus d’actes, moins de Watts » est une démarche en quatre étapes qui permet aux citoyens de s’informer, de comprendre et analyser sa consommation, de partager avec la communauté Enercoop et d’investir pour moins consommer dans la rénovation et les énergies renouvelables.
SCCALE 203050 est un projet européen (2021-2024) dont l’objectif est de créer des communautés d’énergie : des citoyens d’un territoire se regroupent pour lancer des projets participatifs et citoyens d’énergie renouvelable comme, par exemple, Enercitif ou Electrons Solaires.
« Économes éplucheurs de Watts » est un projet pilote dans lequel 19 sociétaires ont co-créé avec Enercoop un jeu pédagogique, le Milwatteur, avec le soutien de négaWatt.
Les échanges avec les participants
- Le développement du vélo concerne-t-il aussi le transport de marchandises ?
La logistique du dernier kilomètre par vélo cargo est en plein développement (exemples : Amazon, UPS). L’association Boîtes à Vélo qui est membre du Collectif Vélo vise l’essor et la pérennisation de l’entreprenariat à vélo en France.
- Comment assurer l’accès à tous du vélo ?
Il faudra développer des solutions pour les personnes âgées et handicapés sur le modèle de ce qui se fait aux Pays-Bas.
D’un autre côté, des parkings vélos sécurisés doivent être proposés pour assurer l’intermodalité notamment.
- Quels sont les blocages au développement des voies cyclables et du vélo ?
Il y a trois sortes blocages principaux : les personnes car nous avons tous une réticence naturelle au changement et il faut souvent des évènements spéciaux (Covid, déménagement, perte d’un emploi) pour changer de mode de vie, les collectivités car historiquement les ingénieurs étaient formés à faire des routes et les élus qui manquent de vision à long terme et craignent que cela ne corresponde pas à la demande de leurs administrés.
- Dans quels établissements le Réveil écologique s’est-il développé ?
Le collectif est majoritairement représenté dans les écoles de commerce et d’ingénieurs et plutôt en Île-de-France mais il cherche à toucher plus largement les étudiants. Pour ce faire, la communication se déploie principalement sur Linkedin et l’opération d’affichage dans le métro a augmenté la visibilité.
- Qu’est-ce que les Licoornes ?
Enercoop est membre des Licoornes qui regroupe 11 coopératives proposant leurs services aux collectivités, entreprise et particuliers. Il s’agit d’Enercoop (fournisseur d’électricité), Télécoop (opérateur téléphonique), Mobicoop (plateforme de covoiturage), Commown (fournisseur d’appareils électroniques écoconçus et de services pour lutter contre l’obsolescence programmée), Coop circuits (plateforme de vente en circuit court de produits locaux, direct producteurs, artisanaux), La Nef (banque éthique), Citiz (autopartage), Railcoop (opérateur ferroviaire de passagers et de marchandises), Label Emmaus (site de e-commerce alimenté par Emmaus et les acteurs de l’ESS).
Les ressources suggérées durant la matinée
Festival low tech du 25 juin au 3 juillet 2022 à Concarneau
Assises européennes de l’énergie – Juin 2022
Les Amis de la Terre – Moins c’est mieux : la sobriété, nécessaire, juste et heureuse - Juin 2022
Les trajectoires mobilitaires – Laurent Cailly – Février 2021
Rappel du programme
Animation : Marie-Laure Falque Masset, AREC Île-de-France
Introduction
Intervention :
Louis Belenfant, Collectif Vélo Île-de-France
Loïc Bonifacio, Pour un réveil écologique
Hugo Weisbecker, Enercoop
Contact
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