
Quelle dynamique des projets de production et de distribution d’hydrogène en Île-de-France en 2025 ?
État des lieux au 1er janvier 2025
En ce début d’année 2025, l’AREC vous propose la mise à jour de l’état des lieux des projets hydrogène, à la fois dans la production, la distribution et les usages. Il fait suite à celui publié en mars 2024 et à un premier état des lieux publié en octobre 2022 (Note rapide n°960 « Quel déploiement des stations hydrogène pour la mobilité en Île-de-France ? »).
Deux différences importantes sont à noter entre 2024 et 2025 :
- La mise en service de plusieurs stations de distribution pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 à destination de flottes de véhicules,
- Des modifications ou annulations de certains projets : diminution ou augmentation de la capacité de distribution, changement de modèle d’approvisionnement en hydrogène, suppression du projet, etc.
Les difficultés économiques chez les développeurs de solutions hydrogène dans les mobilités (Note rapide n°1025 « La filière industrielle hydrogène francilienne à la croisée des chemins »), la remise en question de la pertinence de l’hydrogène selon les cas d’usages, ou l’attente de subventions et de la publication de la stratégie nationale hydrogène marquent le déploiement nuancé de l’hydrogène en France et en Île-de-France.
Quelle évolution du réseau de distribution en 2024 ?
Au 1er janvier 2025, on dénombre 13 stations de distribution hydrogène en fonctionnement, dont une également de production (Porte de Saint-Cloud). Ces stations disposent pour la plupart de capacité supérieure à 500 kg d’H2 par jour, pour s’adresser à des flottes captives de grande taille comme les taxis ou des besoins intensifs (poids lourds, bus, bennes à ordure ménagère, véhicules utilitaires légers, etc.). Plusieurs nouvelles stations ont ouvert en 2024 :
- cinq stations de distribution HYSETCO en partenariat avec le groupe ADP (Le Bourget), Carrefour (Drancy, Pontault-Combault, Collégien) ou avec Air Liquide (Vitry-sur-Seine),
- le pôle d’excellence dédié aux poids lourds hydrogène par HYLIKO à Villabé, avec station de distribution et centre de maintenance,
- une station temporaire HYPE à Buc pour l’accueil de bus et autocars à hydrogène, en prévision d’une station définitive de production et distribution,
- la réouverture de la station historique Air Liquide à Paris Place de l’Alma,
Les travaux de Vallée Sud Hydrogène et d’H2 Créteil se poursuivent avec une mise en service prévue respectivement en 2026 et 2025. Il est à noter l’arrivée de TEAL Mobility (coentreprise de TotalEnergies et Air Liquide) en reprenant des actifs d’Air Liquide (Loges-en-Josas) ou une future station pour des poids lourds à proximité de l’Aéroport d’Orly. HYSETCO renforce et agrandit en 2025 ses stations historiques d’Orly et de Roissy-CDG.
L’Île-de-France demeure une des régions majeures du réseau national de distribution d’hydrogène. France Hydrogène recense en 2024 80 stations ouvertes.
Quels véhicules ?
Il est rappelé que les solutions hydrogène pour la mobilité terrestre sont destinées principalement à la mobilité lourde et intensive, pour un public professionnel. Dès 2015, les premiers véhicules franciliens ont été des véhicules légers de type berline ou SUV à usage taxi ou VTC sur la zone métropolitaine. Ensuite une première flotte de véhicules utilitaires légers avec prolongateurs hydrogène (Renault Kangoo), qui n’est aujourd’hui plus en service. En 2019, des premiers bus à hydrogène arrivent dans les Yvelines ainsi que des tests dans le Val-de-Marne. À noter également des vélos et triporteurs à hydrogène à Issy-les-Moulineaux et l’EPT Vallée Sud Grand Paris (92).
Au 1er janvier 2025, le parc de véhicules et d’équipements hydrogène a considérablement augmenté du fait des JOP2024, avec l’ajout de 500 véhicules légers (Toyota Mirai), 10 bus et autocars à hydrogène, 5 poids lourds, des chariots élévateurs, des vélos ou des groupes électrogènes. Des véhicules utilitaires légers ont été également mis à la route pour notamment le transport de personnes à mobilité réduite (PMR). Sans pouvoir à ce stade proposer un recensement précis qui reste complexe du fait de l’héritage des véhicules, l’AREC peut toutefois affirmer qu’une grande majorité du parc français de véhicules, recensé à 2025 par France Hydrogène en 2024 (Chiffres clés du déploiement de l’hydrogène en 2024), se situe en Île-de-France. En particulier les véhicules légers et les poids lourds.
La première péniche à hydrogène, le ZULU 06 développé par SOGESTRAN dans le cadre du projet européen Flagships, a été baptisé en décembre 2024 pour naviguer entre les ports de Bonneuil-sur-Marne et Gennevilliers et livrer dans Paris intra-muros. Le projet a bénéficié du plan d’aide à la modernisation et à l’innovation porté par Voies Navigables de France et co-financé par l’ADEME et la région Île-de-France.
Quelle production d’hydrogène ?
L’Île-de-France est une région structurellement dépendante de l’extérieur pour son approvisionnement énergétique (pétrole, gaz, électricité, bois). L’hydrogène, même si son transport reste limité, est également soumis à ce phénomène. Les premières stations de distribution d’hydrogène ne produisent pas sur place et étaient approvisionnées par des sites industriels de production de gaz, généralement hors d’Île-de-France (Normandie, Hauts-de-France, Grand Est) et par technologie de vaporeformage de gaz naturel (pouvant intégrer une brique de captation de CO2) et acheminé par camion diesel. Afin d’être approvisionnés en hydrogène renouvelable, les acteurs de la distribution ont noué des partenariats avec des producteurs d’hydrogène renouvelable à partir de sites existants ou à venir.
Air Liquide, supporteur officiel des JOP2024, a annoncé avoir fourni 12 tonnes d’hydrogène d’origine renouvelable pour la mobilité et 360 kg pour des groupes électrogènes à hydrogène sur les sites de compétition de Versailles et Saint-Quentin-en-Yvelines.
Comme précisé dans la partie distribution plusieurs projets de production d’hydrogène renouvelable ou bas-carbone ont été supprimés pour privilégier un approvisionnement ex-situ de l’hydrogène, à partir de sites de production en Vallée de Seine ou dans les Hauts-de-France. Le site majeur est Air Liquide Normand’Hy, électrolyseur de 200 MW en construction, qui a annoncé en novembre 2024 un investissement pour une nouvelle chaîne logistique de conditionnement et d’acheminement d’hydrogène aux stations sur l’Axe Seine.
Au 1er janvier 2025, il est recensé 2 sites en fonctionnement pour une puissance cumulée de 3,5 MW (soit 10 % de la puissance installée en France en 2024, 35 MW selon France Hydrogène) :
- La station de production et de distribution HYSETCO de Porte de Saint-Cloud (75), déjà citée : 2,5 MW du fabricant NEL,
- Le site HYVIA sur l’usine ReFactory de Renault à Flins - Aubergenville (78), pour le test des piles à combustibles assemblées sur place pour des Renault Master : 1 MW du fabricant Plug Power. Avec la liquidation judiciaire d’HYVIA, l’avenir de l’électrolyseur demeure incertain.
Il est dénombré 8 projets de production pour une capacité cumulée de 35 MW d’électrolyse et des possibilités d’extension pour 15 à 20 MW supplémentaire. À noter également un projet de production massive d’hydrogène sur la bioraffinerie de Grandpuits en cours de construction en 2025, dans le cadre de la reconversion de la raffinerie vers les biocarburants en particulier aériens. D’une capacité de 20 000 tonnes d’hydrogène par an, l’unité sera un nouveau SMR (vaporeformage de méthane) avec captation CO2 (Cryocap® d’Air Liquide) et incorporation de gaz renouvelable produit sur place (méthanisation et pyrolyse).
L’hydrogène étant un vecteur énergétique mouvant, à la fois dynamique et soumis à des forts enjeux technologiques et économiques, l’AREC poursuivra son travail de mise à jour de ces informations. Restez connectés !

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